Reviews Planifier pour Planifier de Bernard Trotter, publiée par l'Association des Universités et Collèges du Canada, 1974, 89 pages. Cette brochure comprend, deux parties: une description des cadres institutionnels et un ensemble de remarques et de propositions en vue d'encourager la planification universitaire. Dans la première partie, les systèmes universitaires existant dans chacune des dix provinces et au niveau fédéral sont très clairement décrits et schématisés en ce qui a trait à leurs quatre composantes principales soit les universités, les collectivités d'universités, les corps intermédiaires et les gouvernements. Quand on connaît la complexité de la réalité canadienne ainsi que la propension des organismes planificateurs à bouleverser plutôt qu'à adapter les structures en place, on admettra que cette présentation de B. Trotter n'était pas inutile. Dans la deuxième partie, on trouve sous une forme un peu dispersée, un plaidoyer en faveur d'une planification à long terme des systèmes universitaires. La planification préconisée est d'essence adaptive beaucoup plus que hiérarchique et respecte les deux antinomies, centralisation — décentralisation et autonomie-coordination qui semblent être les caractéristiques principales de chaque système universitaire. Le mérite principal de ce livre vient surtout du fait qu'il restitue au processus de planification son véritable cadre qui en est un de consultation et de participation. En ce sens, 0 peut contribuer à désarmer la méfiance tenace des milieux éducatifs et culturels habitués à voir les planificateurs faire cavaliers seuls. En essayant de stimuler chez les différents acteurs cet état d'esprit planificateur, B. Trotter augmente les chances de succès de l'entreprise planificatrice au niveau universitaire. A ce titre, on peut dire qu'il planifie la planification selon l'expression consacrée par les anglo-saxons (planning for planning) mais certainement pas qu'il planifie pour planifier comme le suggère le titre du livre qui est à mon avis très impropre puisqu'il reflète une attitude extrêmement négative qui n'est certes pas celle de l'auteur. Dans ce même ordre d'idée, le nombre de fautes typographiques mineures dans la version française de l'ouvrage est assez inquiétant. Si l'objectif était de publier dans les deux langues officielles, on aurait souhaité que l'éditeur apporte un peu plus de soin à la version française qui comprend trop de fautes de frappe, d'anglicismes et de tournures de phrases impropres. La principale critique de cette publication se situe à mon avis au niveau de l'approche théorique et méthodologique du processus de planification à long terme au niveau universitaire. Après avoir refermé cet ouvrage, on est persuadé de la nécessité d'une planification à long terme, on a compris qu'elle se devait d'être consultative et de respecter la différenciation rationnelle des différentes institutions; des procédures sont même proposées pour faire participer chaque composante du système universitaire au mécanisme de planification. Mais comment bâtir un plan à long terme, assurer la cohérence des objectifs généraux oii 77 Reviews élaborer une stratégie de développement au niveau de l'institution universitaire? L'auteur est assez discret à ce sujet. Certes la planification est en partie un art mais toute tentative pour développer un cadre théorique et méthodologique au niveau du système universitaire serait la bienvenue, particulièrement au niveau des administrateurs à qui l'on demande d'élaborer des plans sans trop leur fournir de cadre méthodologique. Il est excellent de vouloir coordonner les activités de planification des institutions universitaires et des organismes gouvernementaux; il serait tout aussi souhaitable d'analyser le processus de planification à long terme au niveau universitaire puisqu'on ne peut coordonner que des activités ayant une consistance interne. Le livre de B. Trotter est une brillante réponse au premier point, les institutions universitaires ont également besoin d'une réponse au deuxième de ces points. Gilles Guérin, professeur agrégé Université de Montréal