The Canadian Journal of Higher Education La revue canadienne d'enseignement supérieur Volume XXIX, No. 1,1999 pages 143-176 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle de nouveaux travailleurs et travailleuses diplômés: Examen d'un schéma exploratoire* GENEVIÈVE FOURNIER, CHANTALE JEANRIE, & LINE CROTEAU Université Laval RÉSUMÉ Si les enjeux liés à l'insertion socioprofessionnelle s'étendent bien au-delà des données factuelles et sont aussi influencés par des données i n s c r i t e s d a n s la réalité s u b j e c t i v e de l ' i n d i v i d u , il est i m p o r t a n t d'identifier ces données qui permettent justement de prédire la qualité de l ' i n s e r t i o n de n o u v e a u x travailleurs et des nouvelles travailleuses. L'objectif de l'article est de présenter un schéma exploratoire regroupant t r o i s c a t é g o r i e s de v a r i a b l e s d é f i n i s s a n t la q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n socioprofessionnelle et trois autres catégories de variables susceptibles de prédire la qualité de cette insertion. Ce schéma a été mis à l'épreuve auprès d'un sous-échantillon de 97 nouveaux travailleurs et des nouvelles travailleuses diplômés de programmes d'études post-secondaires. Les résultats des analyses de régression mettent en lumière la force relative de certains critères objectifs et subjectifs indiquent que toutes les variables indépendantes du schéma, sauf l'âge, permettent de saisir les facettes de la q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n des j e u n e s d i p l ô m é s . 1 Trois c o n s t a t a t i o n s * C e t t e r e c h e r c h e a été réalisée grâce à u n e s u b v e n t i o n o c t r o y é e par le Conseil d e Recherche en Sciences Humaines du Canada. ' Dans cet article, le masculien pluriel est utilisé de façon générique et sans intention de discrimination. 144 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau principales se dégagent des analyses: le peu de valeur pronostique des variables sociodémographiques, la prépondérance marquée de la variable " r ô l e d e s c a r a c t é r i s t i q u e s du m a r c h é du travail d a n s l ' a t t e i n t e des o b j e c t i f s " p o u r p r é d i r e la q u a l i t é d e l ' i n s e r t i o n e t , f i n a l e m e n t , l'importance prédictive du lien de l'emploi avec la formation. ABSTRACT Since the issues related to socioprofessional integration extend well over objective facts of reality and are also influenced subjective facts of one's reality, it is important to identify those facts that allow prediction of the quality of the socioprofessional integration of new workers. The objective of this article is to present an exploratory schéma gathering three types of variables defining quality of socioprofessional integration and three other types of variables that are likely to predict this quality. This schéma was tested with a subsample of 97 new workers, all graduated f r o m higher education programmes. Results f r o m regression analyses have enlighted the relative strenght of some objective and subjective criteria and show that all the schéma 's variables except age contribute to the understanding of socioprofessional integration of young graduated. Three m a j o r findings c a m e out f r o m the analyses: the low predictive value of demographic variables, the marked preponderance of the variable " r o l e of j o b m a r k e t ' s characteristics in the attainment of o n e ' s goals" in predicting professional integration quality and, finally, the predictive importance of the link between j o b and school training. La transition de la formation initiale à la vie active est une étape cruciale dans le c h e m i n e m e n t professionnel de l'individu, notamment p a r c e q u e c ' e s t à cette étape q u ' i l tente de mettre en application les c o m p é t e n c e s a c q u i s e s au cours de sa f o r m a t i o n initiale (Fournier & Bellerive, 1991). P o u r l ' O C D E (1996), la transition de la f o r m a t i o n initiale à la vie active réfère à la période durant laquelle les jeunes passent d ' u n e activité principale, représentée par la scolarité à temps plein (ou son équivalent professionnel), à une autre activité principale, représentée par le travail. Pour plusieurs auteurs, l'insertion professionnelle n'est plus considérée c o m m e un m o m e n t plus ou moins invariable et prévisible, sans discontinuité, au cours duquel s ' e f f e c t u e le passage du système éducatif au système productif. Elle apparaît plutôt comme un processus complexe qui se déroule sur une période où s'enchevêtrent des situations The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 145 d e r e c h e r c h e d ' e m p l o i , d ' e m p l o i , de c h ô m a g e , de f o r m a t i o n et d'inactivité (Trottier, Perron, & Diambomba, 1995). De son côté, Vincens ( 1 9 9 8 ) i n s i s t e sur le f a i t q u e la c o n c e p t i o n de l ' i n s e r t i o n socioprofessionnelle ne peut se réduire uniquement à un processus de stabilisation sur le marché du travail mais doit également inclure l'idée de socialisation professionnelle en plus de prendre en compte la question de l'autonomie financière de même que la probabilité de la maintenir. La présente étude s'inscrit dans la foulée d ' u n e recherche longitudinale menée par Fournier et Croteau ( 1993-2000) auprès de jeunes diplômés des secteurs secondaire professionnel, collégial technique et universitaire. L'analyse d'une première génération de résultats a permis d'observer que même en possession d'un emploi en lien avec la formation, 60% des diplômés se considèrent toujours en recherche d'emploi, suggérant alors que l'occupation d'un emploi ne peut, à elle seule, être garante d ' u n e insertion socioprofessionnelle satisfaisante. D'une deuxième génération de résultats obtenus avec la même population, trois ans après l'obtention du diplôme, il ressort que plusieurs sujets utilisent de nombreux critères autres que ceux qui sont reliés à l'emploi (permanence, lien avec la formation etc.) pour définir une insertion socio-professionnelle stable et complète. Ces critères se rattachent le plus souvent à l'atteinte d ' u n e f o r m e de qualité de vie tant personnelle (possibilités de réaliser ses projets, sentiment d'équilibre entre les différentes sphères de vie, sécurité et indépendance financière, etc.) que professionnelle (sentiment de réalisation au travail peu importe le statut de l'emploi, maîtrise des c o m p é t e n c e s dans son d o m a i n e , etc.). Ainsi, l ' i d é e de l ' i n s e r t i o n socioprofessionnelle comme d ' u n processus qui s'étend sur plusieurs a n n é e s c o n t i n u e à s ' i m p o s e r et, avec elle, l ' i d é e q u ' u n e insertion professionnelle complète et réussie s'associe autant à un état subjectif individuel qu'à une situation objective, facilement observable. En s o m m e , si les e n j e u x liés à la s a t i s f a c t i o n de l ' i n s e r t i o n socioprofessionnelle s'étendent bien au delà de données factuelles (type d'emploi occupé, salaire, type d'entreprises, etc.) et sont aussi influencés par des données inscrites dans la réalité subjective de l'individu, il semble important d'identifier ces données qui permettent justement de prédire la qualité de l'insertion de ceux et celles qui sont au travail. Plus précisément, à une époque marquée par la précarité de l'emploi et par l'incertitude du marché du travail, il faut se demander quelles sont les variables qui permettent le mieux de prédire la qualité de l'insertion The Canadian Journal ofHigher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 146 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau socioprofessionnelle des nouveaux travailleurs diplômés en précisant la force relative des critères objectifs comme le sexe du sujet et le statut de l'emploi et celle des critères plus subjectifs comme la perception des f a c t e u r s f a c i l i t a n t s , dans la prédiction de la qualité de l ' i n s e r t i o n , spécifiquement de ceux et celles qui sont sur le marché du travail. En e f f e t , si un n o m b r e r e l a t i v e m e n t i m p o r t a n t d ' é t u d e s p o r t e s u r l'identification de facteurs prédictifs ou favorables à l'obtention d'un emploi à la sortie de la formation initiale, il existe, à notre connaissance, une rareté d'études portant spécifiquement sur la qualité de l'insertion de ceux et celles qui ont obtenu ces emplois. C'est ce à quoi s'intéresse le présent article qui fait état des résultats d ' u n e première investigation d ' u n s c h é m a e x p l o r a t o i r e m e t t a n t à c o n t r i b u t i o n tant des critères objectifs que subjectifs pour prédire la qualité de l'insertion de nouveaux travailleurs et de nouvelles travailleuses diplômés. CONTEXTE THÉORIQUE La sortie du système éducatif représente pour beaucoup de jeunes, une période difficile car, avec comme seul bagage le diplôme, ils sont souvent surpris et déçus, ayant tellement investi et nourri d'attentes à l'égard du travail et du marché du travail en comparaison de ce que le marché du travail peut réellement leur offrir (Fournier & Bellerive, 1991). En e f f e t , d ' u n côté et en dépit de la r e c o n n a i s s a n c e de la conjoncture économique difficile, plusieurs jeunes diplômés entretiennent des attentes élevées vis-à-vis du travail et du marché du travail, attentes qui dépassent largement l'obtention de gains financiers et s ' a s s o c i e n t g é n é r a l e m e n t à d e s n o t i o n s d e r é a l i s a t i o n et d e développement personnels. D'un autre côté, il semble bien que l'emploi à temps partiel ou contractuel caractérise les premières expériences des j e u n e s à la sortie du système de formation et que cette situation ait tendance à se prolonger dans la vie des jeunes diplômés, les débouchés dans les secteurs qui leur étaient ouverts ces dernières décennies se faisant de plus en plus rares (Gauthier, 1992). Ainsi, dans le contexte difficile qui prévaut actuellement sur le marché du travail, le diplôme offre de moins en moins l'assurance d'un emploi régulier, lequel facilite notamment la mise en place de projets de vie. Curie (1993) souligne à ce sujet que la relation entre l'emploi et les compétences acquises dans le système de formation devient de plus en plus ténue et que l'accès à un e m p l o i stable est trop souvent p r é c é d é par l ' e x e r c i c e de plusieurs The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 147 e m p l o i s précaires et à temps partiel, obligeant le nouvel arrivant à a c c e p t e r c e q u ' o n lui o f f r e et le c o n f i n a n t d a n s u n e s i t u a t i o n p r o f e s s i o n n e l l e instable, o f f r a n t très peu de p o s s i b i l i t é s d ' a c t i o n . Ajoutant à ce propos, Tremblay (1994) fait remarquer que l'âge moyen auquel les jeunes adultes québécois arrivent à trouver une f o r m e de stabilité en emploi se situe aujourd'hui entre 25 et 30 ans alors qu'elle se situait autour de la vingtaine il n'y a pas si longtemps. Cette situation p r o f e s s i o n n e l l e i n s t a b l e et m a r q u é e par la d i s c o n t i n u i t é , a f f e c t e , particulièrement à cet âge où les projets sont à construire, la stabilité et l'emprise sur la situation personnelle. P l u s i e u r s v a r i a b l e s sont s u s c e p t i b l e s d ' a f f e c t e r la q u a l i t é de l'insertion socioprofessionnelle des nouveaux travailleurs diplômés. Trois groupes de variables indépendantes ont retenu l'attention dans le cadre de la présente étude pour tenter de prédire la qualité de l'insertion socioprofessionnelle de ces sujets. Le premier groupe concerne les variables s o c i o d é m o g r a p h i q u e s , soit le sexe, l ' â g e et le niveau de scolarité du sujet. Le second touche trois variables liées à l'emploi, à savoir le lien de l'emploi occupé avec la formation, le type d'emploi et le revenu. Enfin, le troisième groupe de variables renvoie à la perception des sujets quant au rôle facilitant de trois facteurs dans l'atteinte des objectifs personnels et professionnels. Ces facteurs sont l'environnement social du sujet, certains attributs personnels et certaines caractéristiques du marché du travail. C o n c e r n a n t les variables sociodémographiques, les résultats de plusieurs études indiquent que les femmes sont en moins bonne posture d ' i n s e r t i o n p u i s q u e , c o m m e le f a i t r e m a r q u e r B e n g l e ( 1 9 9 1 ) , à compétences égales, elles ont de moins bons emplois que les hommes et, lorsqu'elles occupent des emplois comparables, elles sont moins bien rémunérées. Les hommes ont aussi encore plus de chances de se trouver un emploi permanent et à temps plein que les femmes (Bengle, 1991; Tanguay, 1986). Ces différences tendent à s'accentuer lorsque le niveau de scolarisation augmente (Trottier et al., 1995). Enfin, Tremblay (1994) rapporte que malgré leur plus faible représentation sur le marché du travail, les femmes comptent pour plus de la moitié (54%) des personnes ayant des formes d'emploi atypiques au Canada et au Québec. R e l a t i v e m e n t à l ' â g e des sujets, m ê m e si les enquêtes récentes montrent que les jeunes de 15 à 24 ans représentent 40% des personnes ayant des formes d'emploi atypiques, il existe actuellement une rareté The Canadian Journal ofHigher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 148 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau évidente de recherches portant sur les effets de l'âge sur la satisfaction au travail dans les premières années de vie professionnelle. Cette rareté de recherches a aussi été observée par Touzard, Lancry-Hoestlandt, Depolo et Sarchielli (1996). Dans le cadre d ' u n e étude internationale portant sur la socialisation au travail de jeunes dans leur premier emploi, ces chercheurs ont trouvé, contrairement à l'hypothèse qu'ils avaient formulée, que les jeunes travailleurs et travailleures débutants (16-19 ans) sont plus satisfaits, mieux dans leur peau et planifient davantage leur carrière que les travailleurs et travailleures débutants plus âgés (22 ans et plus). De plus, ces auteurs ont observé que c'est plutôt l'âge conjugué au changement dans le travail qui affectent les variables de satisfaction. Ainsi, plus le travailleur ou la travailleuse est jeune, plus il ou elle se montre satisfait-e et le changement de travail ou d'emploi ajoute au niveau de satisfaction. De plus, et toujours à l'inverse de ce qu'ils avaient postulé, ce sont les plus jeunes qui s'adaptent le mieux aux changements dans les premières années de travail. Toutefois, comme l'a fait remarquer Bengle (1991) il y a quelques années, les rares recherches concernant les effets de l ' â g e sur l'insertion sont à elles seules peu concluantes car l ' â g e en lui-même n ' a d ' e f f e t s réels q u ' à travers les multiples variables qui lui sont liées. Cependant, cet auteur fait tout de m ê m e remarquer que le niveau de rémunération permet de distinguer les travailleurs et les travailleuses plus jeunes de leurs collègues plus âgés, les premiers ayant généralement un revenu moindre que les seconds. En s o m m e , la r e l a t i o n e n t r e l ' â g e et l ' e x p é r i e n c e de l ' i n s e r t i o n socioprofessionnelle est plus complexe qu'elle n'apparaît à première vue et mérite d'être examinée. Enfin, en ce qui a trait à la scolarité, la grande majorité des études consultées fait ressortir que la situation des non diplômés est toujours plus précaire que celle des diplômés. De fait, plus les j e u n e s sont scolarisés, plus leur participation au marché du travail augmente (Cairns, W o o d w a r d , & H a s h i z u m e , 1992), la scolarité demeurant un moyen privilégié d'alléger leurs difficultés sur le marché de l'emploi (Bengle, 1991; Trottier et al., 1995). Ajoutant à ce propos, un rapport récent de l ' O C D E (1996) fait remarquer que les taux de chômage dans les sociétés industrialisées varient non seulement selon le programme d'études choisi mais aussi selon le niveau de formation acquise, les plus scolarisés étant moins touchés par le chômage. Toutefois, les chercheurs sont de plus en plus nombreux à décrier le manque de fiabilité du taux de chômage The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 149 relativement faible des nouveaux diplômés pour rendre compte de leur insertion s o c i o p r o f e s s i o n n e l l e , ces d e r n i e r s étant s o u v e n t o b l i g é s d'accepter des emplois peu en lien ou en très en deçà du niveau de leur formation (Fournier & Croteau, 1997; O C D E , 1996; Trottier et al., 1995). En somme, la relation entre l'emploi et le niveau de scolarité est complexe. Si le diplôme facilite l'obtention d'un emploi à la sortie du système éducatif, il appert que ces emplois sont souvent en-dessous du niveau de formation et des attentes. Le c o n t e x t e é c o n o m i q u e se caractérisant actuellement par une fragilisation des emplois, les emplois créés étant le plus souvent à temps partiel et à faible revenu, trois variables liées à l'emploi occupé ont paru particulièrement susceptibles d ' a f f e c t e r la qualité de l'insertion des nouveaux travailleurs. D'abord, le lien de l'emploi avec la formation. En effet, plusieurs auteurs font observer que les diplômés sont souvent obligés d'accepter des emplois qui n'ont rien à voir avec leur formation (Galland, 1995; OCDE, 1996; Trottier et al. 1995), affectant du même s o u f f l e l e u r s p r o j e t s p e r s o n n e l s et p r o f e s s i o n n e l s . D e p l u s , d e nombreuses enquêtes mettent en évidence l'augmentation du nombre de jeunes qui occupent des emplois à temps partiel depuis les 10 dernières années (Conseil permanent de la jeunesse, 1997; Matte, Baldino & Courchesne, 1998; Moreau, 1997), ce qui contribue à appauvrir les travailleurs et travailleuses et à les garder dans un état d'insécurité financière, les rendant du m ê m e coup plus vulnérables sur le plan personnel. Découlant logiquement de la variable précédente, le revenu annuel brut apparaît comme une variable susceptible d'affecter la qualité de l'insertion socioprofessionnelle des travailleurs et travailleuses, principalement par le biais du sentiment de contrôle de leur situation financière et de la possibilité d'élaborer des projets personnels. Le troisième groupe de variables, finalement, reflète les perceptions des sujets quant au rôle de l'environnement social, de certains attributs personnels et de différentes caractéristiques du marché du travail dans l'atteinte de leurs objectifs personnels et professionnels. Concernant le rôle de l'environnement social, des entrevues effectuées par Gauthier (1994) auprès de j e u n e s c h ô m e u r s et de j e u n e s qui ont réussi leur insertion en e m p l o i , suggèrent que la f a m i l l e est particulièrement importante dans cette période de transition et que l'absence de soutien peut rendre l'insertion socioprofessionnelle plus difficile à différents égards. En effet, il semble que le fait de vivre seul, sans soutien, fait The Canadian Journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 150 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau accepter par nécessité des emplois dont on n'aurait pas voulu en d'autres circonstances et peut expliquer, en partie du moins, le sentiment d'échec et la déception ressentie vis-à-vis de l'emploi occupé. Il semble aussi q u e les p r e s s i o n s e x e r c é e s p a r l ' e n t o u r a g e p o u r inciter le j e u n e à dénicher un emploi et à quérir son indépendance soient associées à un moins grand bien-être psychologique (Cairns et al., 1992). En outre, les auteurs s'entendent généralement pour reconnaître le lien étroit existant entre la présence de soutien social et le bien-être de l'individu (Coyne & Bolger, 1990; C o y n e & De Longis, 1986; Gauthier, 1994). Finalement, il semble que le soutien social, particulièrement le soutien social perçu, a un impact sur le bien-être psychologique de l'individu (Pierce, Sarason, & Sarason, 1991; Sarason, Pierce, & Sarason, 1991), possède un effet t a m p o n sur le stress associé à l'insertion (Rascle, 1994) et influence l'intensité de m ê m e que le choix des moyens mis en oeuvre lors de la recherche d ' e m p l o i (Gauthier, 1992). Le rôle j o u é par la perception de certains attributs individuels dans l ' a t t e i n t e des o b j e c t i f s p e r s o n n e l s et p r o f e s s i o n n e l s est é g a l e m e n t à considérer à titre de variable pouvant influencer la qualité de l'insertion socioprofessionnelle. À ce sujet, certaines variables perceptuelles p e u v e n t être liées à la satisfaction et au bien-être psychologique que retire l ' i n d i v i d u d e son travail ( B r u h n , 1989). Selon cet a u t e u r , le sentiment d ' a p p r e n d r e et de s'actualiser et la perception de contribuer à quelque chose ayant un sens, de réussir et de s'accomplir, participent au d é v e l o p p e m e n t et au m a i n t i e n du s e n t i m e n t d e m i e u x - ê t r e c h e z l'individu. Dans la même veine, Kabanoff (1982) souligne que la valeur d ' u n travail repose d'abord sur la possibilité que perçoit une personne d'utiliser ses habiletés, ses connaissances et ses capacités. Finalement, le r ô l e p e r ç u d e c e r t a i n e s c a r a c t é r i s t i q u e s du m a r c h é du travail d a n s l ' a t t e i n t e des o b j e c t i f s p e r s o n n e l s et p r o f e s s i o n n e l s s ' a j o u t e c o m m e variable pouvant influencer la qualité de l'insertion socioprofessionnelle. À cet égard, Fournier et Croteau (1997) ont constaté que la perception des jeunes en regard du marché du travail est une des variables les plus reliées à l ' o b t e n t i o n d ' u n e m p l o i en lien avec leur f o r m a t i o n . Cette étude, tout c o m m e les autres mentionnées précédemment, sont parmi les rares à s'être intéressées à l'impact des perceptions reliées au marché du travail sur la manière dont est vécue l'insertion socioprofessionnelle. D a n s la m e s u r e où le m a r c h é d u t r a v a i l s e p r é s e n t e c o m m e p a r t i c u l i è r e m e n t c o n t r a i g n a n t p o u r les j e u n e s , il e s t i n t é r e s s a n t The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 151 d'explorer si justement le fait de percevoir certaines caractéristiques du marché du travail (ex: conditions d'emploi proposées) comme facteur facilitant ou comme obstacle, influence la satisfaction professionnelle, la satisfaction p e r s o n n e l l e et le sentiment de contrôle de la situation financière des nouveaux travailleurs et des nouvelles travailleuses. Trois groupes de variables dépendantes ont servi à définir la qualité de l'insertion socioprofessionnelle des nouveaux travailleurs et les n o u v e l l e s t r a v a i l l e u s e s d i p l ô m é s . L e p r e m i e r g r o u p e de variables concerne la satisfaction professionnelle, le second réfère à la satisfaction personnelle retirée de la situation d'emploi et le troisième renvoie au s e n t i m e n t de c o n t r ô l e f a c e à la situation f i n a n c i è r e que p e r m e t la situation professionnelle. En ce qui a trait à la satisfaction professionnelle, l'étude de Touzard et al. (1996), notamment, fait écho à nos préoccupations. En effet, cette équipe de chercheurs a tenté de clarifier la dynamique de la satisfaction au travail des j e u n e s débutant leur vie professionnelle et de mieux comprendre les effets de différents types de variables sur leur insertion en emploi. Tout c o m m e il est proposé de le faire ici, ces auteurs ont principalement eu recours aux perceptions des jeunes en regard de leur emploi et de leur environnement immédiat de travail pour définir la dynamique de la satisfaction au travail. Plus précisément, dans la présente étude, la notion de satisfaction professionnelle s'exprime par le degré de satisfaction des jeunes travailleurs et travailleuses face aux éléments intrinsèques et extrinsèques de leur emploi, par les écarts entre les attentes et la situation réelle d'emploi, par leur désir ou non de conserver leur emploi, de même que par le sentiment général d'atteinte ou non de leurs objectifs personnels et professionnels et ce, trois ans après leur sortie du système éducatif. La deuxième variable dépendante, soit la satisfaction personnelle retirée de la situation d ' e m p l o i , est d'abord cernée par un indicateur lié à l'influence de l'emploi sur différentes facettes associées au bien-être psychologique de l'individu. Ensuite, prenant notamment appui sur les travaux de Hartnagel et Krahn (1995), la satisfaction personnelle retirée de la situation d'emploi est mesurée par un indice traduisant jusqu'à quel point la situation d'emploi affecte les possibilités de réaliser des projets personnels. En effet, c o m m e le rapportent ces auteurs, le fait d'occuper un emploi rémunéré s'avère déterminant pour acquérir l'indépendance face à la famille et pour jouer les différents rôles sociaux qu'appelle le passage à l'âge adulte (mariage The Canadian Journal of Higher Education Volume xm, No. 1, 1999 152 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau ou vie c o m m u n e a v e c un c o n j o i n t , parentalité, etc.). L a satisfaction p e r s o n n e l l e s e r a d o n c é v a l u é e à p a r t i r d ' i n d i c e s liés au b i e n - ê t r e p s y c h o l o g i q u e p r o c u r é p a r l ' e m p l o i et p a r l ' i n f l u e n c e p e r ç u e d e la situation d ' e m p l o i sur la possibilité de réaliser des projets personnels. L a troisième variable dépendante, finalement, reflète le sentiment de contrôle face à la situation financière et est apparue en lien étroit avec la qualité de l'insertion socioprofessionnelle. En effet, bien que bon n o m b r e d ' é t u d e s aient c l a i r e m e n t mis en é v i d e n c e l ' e x i s t e n c e d ' u n e relation entre l'âge, le niveau de formation et le revenu (Vincens, 1996), il s e m b l e b i e n q u e c e t t e r e l a t i o n n ' a i t p l u s la m ê m e i m p o r t a n c e a u j o u r d ' h u i p u i s q u e la p r é c a r i t é d e s e m p l o i s n e p e r m e t p l u s , bien s o u v e n t , d ' a s s u r e r un revenu continu et p e r m a n e n t . D e plus, le taux d ' e n d e t t e m e n t g é n é r a l p a r t i c u l i è r e m e n t é l e v é des é t u d i a n t e s et des étudiants de niveau collégial et de l'université (Conseil Permanent de la Jeunesse, 1997) oblige à relativiser la relation formation-emploi-revenu, un revenu d ' e m p l o i élevé n'apportant pas toujours la sécurité financière e s c o m p t é e . D a n s cette optique, il devient important de s'attarder non plus uniquement au revenu d ' e m p l o i mais aussi à la perception q u ' a la personne de sa situation financière pour définir et comprendre toutes les n u a n c e s liées à la q u a l i t é d e son insertion s o c i o p r o f e s s i o n n e l l e . Le sentiment de contrôle face à la situation financière sera mesuré par les indicateurs suivants: satisfaction face à la situation financière, perception de l'équilibre financier et précarité perçue. Les relations discutées ci-haut relativement à la qualité de l'insertion s o c i o p r o f e s s i o n n e l l e peuvent être schématisées tel que le présente la figure 1. MÉTHODOLOGIE Formation de l'échantillon L a p r e m i è r e a n n é e d e la r e c h e r c h e , les s u j e t s ont été invités à p a r t i c i p e r à la r e c h e r c h e sur u n e b a s e v o l o n t a i r e . T o u s l e s s u j e t s s é l e c t i o n n é s r é p o n d e n t aux critères suivants: 1) être inscrit dans un p r o g r a m m e d ' é t u d e s m e n a n t directement à l ' e x e r c i c e d ' u n métier ou d ' u n e profession (secondaire professionnel, collégial technique, b a c c a l a u r é a t spécialisé), 2) être à la dernière année d ' é t u d e s p r é v u e avant l'obtention du diplôme convoité et, 3) être inscrit à temps plein d a n s le p r o g r a m m e d ' é t u d e s . E n t o u t , 2 0 5 s u j e t s p r o v e n a n t de 21 The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Figure 1 Schéma exploratoire de la qualité de l'insertion de nouveaux travailleurs diplômés VARIABLES INDÉPENDANTES Variables socio-démographiques Sexe 2- Variables liées à l'emploi Lien avec la formation Âge Statut de l'emploi Scolarité Revenu 3 - Perception des facteurs facilitants Soutien moral et financier de l'environnement Attributs personnels (O K a & Caractéristiques du S1 a » S- VARIABLES DEPENDANTES marché du travail s TO 5' 3 0 ri I ' I 3 » 1 S3 te: ^ S' s S s? t-i to s ^ sr ^ S So Vo o Vo S U\ LP 154 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau programmes d'études différents ont été recrutés lors de cette première année de recherche et ont constitué l'échantillon initial. La troisième année de la recherche, tous les sujets qui forment l'échantillon initial ont été rejoints par téléphone pour la deuxième série d'entrevues. En tout, 190 sujets ont accepté de maintenir leur participation à la recherche et constituent donc l'échantillon de la troisième année. La cinquième année de la r e c h e r c h e , la m ê m e p r o c é d u r e a été u t i l i s é e ( e n t r e v u e s et questionnaires). En tout, 152 sujets ont accepté l'invitation de poursuivre leur engagement dans la recherche et ont été interviewés. Cependant, seulement 134 des sujets interviewés ont retourné les questionnaires. Les r é s u l t a t s p r é s e n t é s ici sont tirés de d o n n é e s recueillies lors de la cinquième année de l'étude, trois ans après la diplômation des sujets et concernent exclusivement les 97 d'entre eux qui sont en emploi, soit 72,6% de l'échantillon qui a retourné les questionnaires. Parmi ces 97 sujets, 74 % sont des femmes, un peu moins du tiers (27.8 %) a terminé une formation secondaire professionnelle, un peu plus du tiers (37, 1%) a terminé une formation collégiale technique et, finalement, un tiers (35,1%) a obtenu un diplôme universitaire. Plus de la moitié des sujets (58.8%) est âgée de 22 à 25 ans, les autres étant en très grande majorité, légèrement plus âgés. DESCRIPTION DES VARIABLES Variables indépendantes 1. Variables socio-démographiques. Il s'agit du sexe des sujets (féminin, masculin), de leur âge (25 ans et moins, plus de 25 ans) et de leur niveau de scolarité (secondaire, collégial, universitaire). 2. Variables liées à l'emploi. Ces variables incluent le degré de relation perçu entre cet emploi et la formation respective des sujets, sur une échelle en quatre points (de "totalement en lien" à "pas du tout en lien"), le type d'emploi (temps plein, temps partiel) et le revenu annuel brut gagné en dollars canadiens. 3. Perception des facteurs facilitants. Cette catégorie, d'ordre plus psychologique, repose sur trois variables, toutes perceptuelles, lesquelles décrivent des facteurs pouvant éventuellement faciliter l'atteinte des o b j e c t i f s du r é p o n d a n t ou de la r é p o n d a n t e : a) le soutien moral et financier de l'environnement familial, b) certains attributs personnels de l'individu, et finalement, c) certaines caractéristiques du marché du The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 155 travail. Chacun de ces trois facteurs présentait un certain nombre d'énoncés visant à le détailler. Chaque énoncé était associé à une échelle de réponses en quatre points, allant de "très négativement" à "très positivement". Variables dépendantes Les variables dépendantes sont regroupées en trois blocs permettant de q u a l i f i e r la qualité de l'insertion socioprofessionnelle, soient: 1) la satisfaction professionnelle, 2) la satisfaction personnelle et 3) le contrôle de la situation financière. Satisfaction professionnelle Ce bloc propose quatre variables: 1) la satisfaction reliée à l'emploi, 2) l'écart perçu entre les attentes et la réalité, 3) le sentiment d'avoir ou non atteint ses objectifs, et 4) l'intention de quitter son emploi. 1. Satisfaction reliée à l'emploi. Suite à la consigne: Jusqu'à quel point vous sentez-vous satisfait-e de. . . les sujets devaient évaluer, sur une échelle en quatre points (de "très satisfait" à "insatisfait"), leur degré de satisfaction en regard de chacun de 4 facteurs intrinsèques (ex.: l'utilisation du potentiel) et de 5 facteurs extrinsèques (ex.: rapport avec les supérieurs, chances d ' a v a n c e m e n t ) . Les indices de consistance interne obtenus atteignent a = 0.85 (fac. intrinsèques) et a = 0.65 (fac. extrinsèques). 2. Écart perçu entre les attentes et la réalité. Présentant 19 items dont 11 facteurs intrinsèques (ex.: niveau d'autonomie professionnelle, sentiment de confiance en soi) et 8 facteurs extrinsèques (ex.: style de gestion de l'entreprise, salaire), cette échelle était accompagnée de la consigne suivante: En comparant votre situation actuelle à ce que vous espériez avant d'être sur le marché du travail, dans l'ensemble, quelle évaluation en faites-vous. Les réponses étaient exprimées sur une échelle en quatre points (de "nettement pire que j'espérais" à "nettement mieux que j'espérais"). Le coefficient alpha obtenu est de a = 0.90 pour les facteurs intrinsèques et de a = 0.78 pour les facteurs extrinsèques. 3. Sentiment d'avoir ou non atteint ses objectifs. Cette variable est mesurée par la question: De façon générale, avez-vous l'impression de rencontrer vos objectifs personnels et professionnels? L'échelle de réponse est en quatre points (de "pas du tout" à "beaucoup"). The Canadian Journal ofHigher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 156 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau 4. Intention de quitter son emploi. Cette dernière question du bloc relié à la satisfaction professionnelle est mesurée par la question suivante: Désirez-vous quitter votre emploi? Le choix de réponse est dichotomique (oui/non). Satisfaction personnelle Ce bloc compte deux variables: 1) la possibilité de faire des projets et 2) le bien-être personnel. 1. Possibilité de faire des projets. Cette variable est mesurée par c i n q i t e m s , é v a l u é s sur u n e é c h e l l e en q u a t r e p o i n t s (de " t r è s négativement" à "très positivement") à laquelle s'adjoint l'option "Ne s'applique pas". Les sujets devaient répondre à la question: De quelle façon votre situation d'emploi actuelle affecte-t-elle vos projets. Les cinq projets énumérés ont été choisis en regard de leur pertinence dans la vie de jeunes adultes de 18-30 ans (ex.: devenir autonome par rapport à son milieu familial, s'établir avec un-e conjoint-e). Le coefficient alpha obtenu pour ces cinq items est de a = 0.87. 2. Bien-être psychologique. Cette variable est mesurée par cinq items associés à la question: De quelle façon, votre situation d'emploi actuelle ajfecte-t-elle votre. . . Les cinq items énumérés (ex.: sentiment de sécurité personnelle, niveau de stress) sont évalués sur une échelle en cinq points (de "très négativement" à "très positivement"). Le coefficient alpha obtenu pour ces cinq items est de a = 0.81. Sentiment de contrôle de la situation financière Ce dernier bloc regroupe trois variables: 1) la satisfaction générale face à la situation financière, 2) le niveau d'équilibre financier, et 3) le niveau de précarité perçu. 1. Satisfaction générale face à la situation financière. Cet indicateur est associé à l'énoncé Comment vous sentez-vous par rapport à votre situation financière? et à une échelle de réponse en quatre points ( "Je me sens privilégié-e par ma situation financière actuelle" à "je me sens découragé-e face à . . ."). 2. Niveau d'équilibre financier. Cet indicateur est évalué par l'énoncé Votre situation financière se caractérise présentement par. . . auquel est associé une échelle de réponse en six points (de "obligations f i n a n c i è r e s b e a u c o u p t r o p é l e v é e s c o m p t e tenu des r e v e n u s " à "obligations financières très en dessous des revenus" avec une option "pas d'obligations financières"). The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 157 3. N i v e a u de p r é c a r i t é p e r ç u . Cet indicateur est mesuré par l'énoncé "Jusqu'à quel point considérez-vous votre situation financière c o m m e précaire?" et est associé à une échelle de réponse en quatre points (de "pas du tout" à "totalement"). RÉSULTATS La présentation des résultats se divise en deux parties. D'abord, les données descriptives permettent de dégager la tendance générale des répondants et des répondantes par rapportaux différentes variables à l'étude. En second lieu, les analyses de régression multiple permettent de v é r i f i e r la c a p a c i t é p r o n o s t i q u e r e s p e c t i v e d e s v a r i a b l e s sociodémographiques, des variables liées à l'emploi et des variables perceptuelles associées aux facteurs facilitants sur les variables liées à la qualité de l'insertion socioprofessionnelle. L e t a b l e a u 1 p r é s e n t e les d o n n é e s descriptives obtenues, p o u r chacune des variables dépendantes à l'étude, pour l'échantillon global de même qu'en fonction du sexe et du niveau de scolarité des répondants et répondantes. Pour chacune des variables également, le test F et le test t indiquent les différences existantes selon le niveau de scolarité et le sexe des répondants et répondantes. Pour l'ensemble des indices de satisfaction, les moyennes obtenues par les sujets permettent de présenter une image relativement positive de la qualité de l'insertion des j e u n e s diplômés. Ainsi, les différentes variables reliées à la satisfaction p r o f e s s i o n n e l l e indiquent que la m a j o r i t é des sujets se sentent satisfaits des aspects intrinsèques et extrinsèques de l'emploi occupé, que ce qu'ils expérimentent à leur emploi est généralement mieux qu'ils ne l'espéraient et, finalement, que très peu d'entre eux expriment l'intention de quitter leur emploi. Les résultats à la variable "sentiment d ' a t t e i n d r e ou non ses o b j e c t i f s " laissent entrevoir un portrait moins positif, par contre. En effet, la majorité des sujets estiment que leur situation professionnelle actuelle, t o u t e s a t i s f a i s a n t e q u ' e l l e s e m b l e ê t r e , ne l e u r p e r m e t q u e "moyennement" d'atteindre les objectifs qu'ils s'étaient fixés alors qu'ils étaient aux études. La dispersion élevée des résultats de cette variable en particulier, en outre, suggère que les répondants ne partagent pas tous cette opinion et que, du fait, plusieurs (29,5%) ont plutôt précisé que leur situation actuelle ne permettait "qu'un peu" l'atteinte de leurs objectifs. The Canadian Journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Tableau 1 Moyenne, écart-type et tests de différences des moyennes des variables liées à la qualité de l'insertion socioprofessionnelle selon le niveau de scolarité et le sexe des sujets Variables O' S Global m. é.-t. Niveau de scolarité Secondaire Collégial Universitaire m. é.-t. m. é.-t. m. é.-t. SATISFACTION PROFESSIONNELLE 1. Satisfaction intrinsèque de l'emploi (max.: 4) Satisfaction extrinsèque de l'emploi (max.: 4) 2. Écarts entre attentes et réalité (intrins) (max.: 4) Écarts entre attentes et réalité (extrin) (max.: 4) 3. Sentiment d'atteinte ou non ses objectifs (max.: 4) 4. Intention de quitter son emploi (max.:2) 3,0 3,1 3,0 2,8 2,9 1,7 0,77 0,45 0,49 0,43 0,95 0,46 12 3,2 12 3,0 3,0 1,8 0,71 0,40 0,43 0,45 1,00 0,41 18 3,0 18 2,7 2,7 1,6 0,84 0,47 0,52 0,43 1,01 0,50 2,9 1,9 3,1 2,9 3,2 1,8 0,68 0,43 0,44 0,39 0,78 0,43 3,2* 2,6 5,1* 2,5 2,2 1,6 3,0 3,2 3,0 2,9 2,9 1,8 0,74 0,44 0,51 1,00 1,00 0,42 3,0 3,0 3,0 2,8 2,9 1,7 0,78 0,45 0,49 0,43 0,95 0,47 -0,0 -1,8 0,3 1,0 0,2 1,0 SATISFACTION PERSONNELLE 5. Impact sur les projets de vie (max.: 4) Quitter domicile familial (n = 34) Débuter vie commune avec conjoint-e (n = 41) Acheter des biens coûteux (n = 89) Effectuer des activités de loisirs (n = 93) Avoir des enfants (n = 56) 3,0 3,1 3,1 3,0 3,0 2,8 0,82 1,04 1,00 0,95 0,81 1,00 3,2 3,3 3,5 3,3 3,0 2,9 0,68 0,98 0,93 0,74 0,79 1,05 2,9 2,8 2,7 3,0 3,1 2,6 0,85 1,11 1,10 0,95 0,75 1,05 2,9 3,2 3,5 2,7 2,8 2,9 0,88 1,03 0,69 1,07 0,90 0,94 0,9 3,1 0,7 . 2,9 2,8 3,2 3,2 2,4 0,9 3,0 0,7 2,8 0,79 0,99 0,83 0,75 0,81 1,17 2,9 3,2 3,1 2,9 2,9 2,8 0,83 1,06 1,06 1,00 0,82 0,97 0,9 -0,8 0,3 -1,4 0,5 -0,1 6. Impact sur le bien-être psychologique (max.: 5) Sentiment de sécurité personnelle Sentiment de bien-être personnel Sentiment d'autonomie personnelle Sentiment de réalisation personnelle Niveau de stress 3,6 3,7 3,8 3,9 3,7 2,8 0,77 1,02 0,94 0,98 1,05 0,97 3,8 3,8 4,0 42 4J_ 2,9 0,76 0,98 0,87 0,86 0,71 1,08 3,3 3,4 3,5 3.6 13 2,7 0,83 3,7 1,11 3,8 1,06 3,9 1,08 4,1 1,17 3,9 0,93 2,8 0,58 0,92 0,82 0,82 1,01 0,94 4,3 1,5 2,3 4,3* 5,2* 0,5 3,7 3,8 3,9 4,1 3,9 2,8 0,63 0,93 0,83 0,78 0,86 0,87 3,5 3,6 3,7 3,9 3,7 2,8 0,80 1,06 0,98 1,03 1,11 1,01 0,9 0,5 0,8 1,1 1,1 0,2 SENTIMENT DE CONTRÔLE DE LA SITUATION FINANCIÈRE 2,8 7. Sentiment face à la sit, financière (max.: 4) 3,0 8. Caractéristique de la sit, financière (max.: 6) 3,0 9. Niveau de précarité ressenti (max.: 4) 0,75 0,86 0,70 2,7 2,9 3,1 0,82 0,78 0,62 2,6 2,9 2.8 0,76 0,87 0,74 0,65 0,92 0,67 1,6 2,8 0,3 3,2 3,5" 3,3 0,65 0,80 0,63 2,8 2,9 3,0 0,78 0,87 0,70 -0,3 1,3 -2,3* * p < ,01 **p < ,05 2,9 3,1 3.3 F Sexe Hommes Femmes m. é.-t. m. é.-t. t Lf\ OO Cl Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 159 Dans l'ensemble, les moyennes obtenues pour les variables liées à la satisfaction personnelle présentent également un portrait assez positif, s u g g é r a n t q u e la s i t u a t i o n d ' e m p l o i d e s j e u n e s t r a v a i l l e u r s et travailleuses affecte plutôt positivement leur situation de vie personnelle. Cependant, à la différence des résultats obtenus pour la satisfaction professionnelle, la dispersion pour l'ensemble des variables de cette catégorie est élevée. Ce résultat indique qu'un certain nombre de jeunes t r a v a i l l e u r s et t r a v a i l l e u s e s e s t i m e r e t i r e r m o i n s , d a n s l e u r vie personnelle, de leur situation de travail et ce, spécifiquement en regard de la possibilité de réaliser des projets de vie et du sentiment de bien-être psychologique. Concrètement, par exemple, notons que 28,4% des sujets obtiennent, à la variable reflétant l'impact de l'emploi sur la réalisation des projets de vie, une moyenne inférieure à 2,5, point qui représente la valeur neutre (impact ni positif ni négatif) de l'échelle. Les moyennes obtenues pour les variables liées à la satisfaction face à la s i t u a t i o n f i n a n c i è r e i n d i q u e n t que si la m a j o r i t é d e s j e u n e s travailleurs et travailleuses participant à cette étude semble satisfaite et en contrôle de sa situation financière, la dispersion moyennement élevée des résultats aux variables "sentiment face à la situation financière", "caractéristiques de la situation f i n a n c i è r e " et "niveau de précarité ressenti", suggère que la précarité et l'inquiétude demeurent présentes p o u r une partie de l ' é c h a n t i l l o n . Ainsi, par exemple, à la variable "satisfaction générale face à la situation financière", 32 % des sujets se sont dit inquiets ou découragés de leur situation financière. Finalement, notons que si le niveau de scolarité et le sexe des répondants et des répondantes n'ont, somme toute, que peu d'effet sur la q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n des j e u n e s t r a v a i l l e u r s et t r a v a i l l e u s e s , il n'empêche que les femmes mentionnent en plus grand nombre qu'elles se sentent dans une situation financière précaire et que les quelques différences enregistrées en regard du niveau de scolarité sont toujours le lot des étudiants et des étudiantes de niveau collégial. Sur ce dernier point, il semble en effet que l'expérience d'emploi vécue par les jeunes travailleurs du secondaire soit davantage comparable à celle vécue par les répondants universitaires. Les p r o c h a i n s tableaux présentent les résultats des régressions multiples effectuées sur les différentes variables dépendantes servant à mesurer la qualité de l'insertion socioprofessionnelle, tel que proposé dans le schéma de la présente étude. The Canadian Journal ofHigher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 160 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau Satisfaction professionnelle Les régressions multiples effectuées à partir des variables indépendantes nous permettent de constater que certaines d'entre elles prédisent significativement le niveau de satisfaction professionnelle lié aux facteurs intrinsèques ou extrinsèques de l'emploi, aux écarts perçus entre les attentes et la réalité en regard de l'emploi occupé de même qu'au sentiment général d'atteinte ou non des objectifs personnels et p r o f e s s i o n n e l s . L e tableau 2 p r é s e n t e les résultats des régressions effectuées séparément sur l'ensemble des variables liées à la satisfaction professionnelle. Les résultats obtenus permettent de constater que, de façon générale, les v a r i a b l e s i n d é p e n d a n t e s atteignent un niveau de prédiction de variance très satisfaisant. En effet, elles expliquent, en moyenne, 30% de la v a r i a n c e a s s o c i é e a u x c i n q i n d i c a t e u r s d e la s a t i s f a c t i o n professionnelle. En outre, ce taux de variance expliquée atteint même 40% pour la satisfaction liée aux facteurs intrinsèques de l'emploi. L'effet des variables sociodémographiques sur les cinq indicateurs de la satisfaction professionnelle s'avère plutôt modeste. En ce qui concerne la variable "sexe", elle s'avère un prédicteur significatif de la satisfaction liée aux facteurs extrinsèques de l'emploi (ex.: conditions de travail). Ainsi, les femmes se disent plus satisfaites que les hommes des c a r a c t é r i s t i q u e s e x t r i n s è q u e s de leur emploi. Cette variable n ' a g i t comme prédicteur sur aucune autre variable dépendante. De la même f a ç o n , le n i v e a u de s c o l a r i t é s ' a v è r e un p r é d i c t e u r s i g n i f i c a t i f u n i q u e m e n t pour un indicateur, soit la satisfaction liée aux facteurs i n t r i n s è q u e s de l ' e m p l o i (ex: u t i l i s a t i o n du p o t e n t i e l ) . A i n s i , la satisfaction est d'autant plus forte que les répondants et les répondantes ont complété un niveau de scolarité élevé. Finalement, l'âge des sujets ne contribue pas à la prédiction des différentes variables liées à la satisfaction professionnelle. En ce qui concerne les variables liées à l'emploi, on note un effet de prédiction plus important que pour le groupe de variables précédent, bien que cet effet soit principalement restreint à l'une des variables indépendantes, le lien de l'emploi avec la formation (de 3,0 à 44,9% de variance expliquée). Ainsi, cette variable prédit-elle quatre des cinq indicateurs de la satisfaction professionnelle tout en se classant toujours parmi les deux prédicteurs expliquant le plus haut taux de variance. Plus spécifiquement, plus le lien entre l'emploi et la formation s'accroît, The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Tableau 2 Régressions multiples linéaires des variables liées à la satisfaction professionnelle Prédicteur Satisfaction Facteurs Facteurs intrinsèques extrinsèques 6 t 13 t VARIABLES SOCIODÉMOGRAPHIQUES Sexe -0,06 -0,69 -0,26 Age 0,17 1,90 -0,03 Niveau de scolarité -0,23 -2,65** -0,04 § & a a I a s I » § là. » <Sl P ^ So S3: No O Co a VARIABLES LIÉES À L'EMPLOI Lien avec formation 0,45 Statut d ' e m p l o i 0,06 Revenu 0,11 4,93* 0,65 1,19 PERCEPTION DES FACTEURS FACILITANTS Soutien perçu 1,21 0,11 Attributs personnels 0,04 0,37 C a r a c t é r i s t i q u e s d u m a r c h é d u travail 0 , 3 2 3,53* R R2 ajusté F 6= standardized beta weights Ecart des attentes Facteurs Facteurs intrinsèques extrinsèques 13 t -2,75** -0,09 -0,34 0,02 -0,42 -0,11 0,06 0,18 0,14 0,58 1,86 1,47 0,35 0,17 0,10 0,14 0,51 0,99 1,35 5,44* -0,97 0,20 -1,15 3,62* 1,82 1,13 0,02 0,10 0,37 0,11 0,22 0,89 3,76* 6 t -0,17 0,10 -0,03 -1,85 1,12 -0,35 Atteinte des objectifs B t -0,07 -0,02 -0,01 0,20 0,18 0,12 2,14"'' 0,56 1,99 -0,00 0,22 1,28 -0,05 0,10 0,50 -0,50 0,03 0,96 -0,11 5,24* 0,24 -0,99 -0,23 -0,15 6,86* -0,03 2,80** 0,35 -1,21 3,03** 0,65 0,40 0,55 0,29 0,57 0,31 0,59 0,33 0,47 18,91** n ',53** 18,72* 20,59* 7,38* *p < 0,001 **p < 0,01 * * * p < 0,05 0,19 162 G. Fournier, C. Jeanrie, & L. Croîeau 1) plus la satisfaction face aux facteurs intrinsèques liés à l'emploi est é l e v é e , 2) p l u s l ' é c a r t e n t r e les a t t e n t e s liées à l ' e m p l o i ( f a c t e u r s i n t r i n s è q u e s et e x t r i n s è q u e s ) et la situation réelle est perçu c o m m e p o s i t i f , et 3) p l u s les s u j e t s o n t l ' i m p r e s s i o n d ' a v o i r a t t e i n t l e u r s o b j e c t i f s . L e r e v e n u d ' e m p l o i , p o u r sa part, p r é d i t u n i q u e m e n t le sentiment d'atteinte des objectifs, celui-ci étant d'autant plus positif que le r e v e n u est é l e v é (4,1 % d e v a r i a n c e e x p l i q u é e ) . F i n a l e m e n t , la troisième variable de ce groupe, le statut de l'emploi, ne participe pas significativement à la prédiction de la satisfaction professionnelle des répondants et répondantes. Les résultats présentés au tableau 2 expriment également le lien de prédiction existant entre la perception du caractère facilitant ou non du s u p p o r t s o c i a l , d e c e r t a i n s a t t r i b u t s p e r s o n n e l s et d e d i f f é r e n t e s caractéristiques du marché du travail sur la satisfaction professionnelle. Cette fois-ci, une seule variable, les caractéristiques perçues du marché du travail, p r é s e n t e des liens s i g n i f i c a t i f s avec tous les indicateurs, lesquels liens s ' a v è r e n t élevés (4,3 à 30,1 % de variance expliquée). C o n c r è t e m e n t , plus la perception q u ' a le sujet du m a r c h é du travail c o m m e facteur facilitant l'atteinte de ses objectifs est positive, et plus 1) il se m o n t r e satisfait des facteurs intrinsèques et extrinsèques de son e m p l o i , 2) p l u s l ' é c a r t e n t r e les a t t e n t e s liées à l ' e m p l o i ( f a c t e u r s i n t r i n s è q u e s et e x t r i n s è q u e s ) et la situation réelle est perçu c o m m e p o s i t i f , et 3) plus il a l ' i m p r e s s i o n d ' a v o i r atteint ses o b j e c t i f s . L a perception du rôle du soutien social et de certains attributs personnels dans l'atteinte des objectifs personnels et professionnels ne parvient pas à ajouter à la prédiction de la satisfaction professionnelle. L ' e f f e t des différentes variables indépendantes sur la variable "désir de quitter son emploi" a été évalué par une régression logistique, cette v a r i a b l e é t a n t c o d é e de f a ç o n d i c h o t o m i q u e . L a régression o b t e n u e s ' a v è r e s i g n i f i c a t i v e (%2 (9, n = 72) = 37,37, p < 0 , 0 0 1 ) et p e r m e t l'identification de trois prédicteurs, soient, les caractéristiques du marché du travail (r = - 0,30, p < 0,001), le sexe des sujets (r = - 0,24, p < 0,01) et le lien de l'emploi avec la formation (r = 0,22, p < 0,05). L'équation d e r é g r e s s i o n o b t e n u e d o n n e lieu à un taux de c l a s s e m e n t c o r r e c t (88,9%) et indique que 1) plus le répondant ou la répondante perçoit que les caractéristiques du marché du travail peuvent faciliter l'atteinte de ses objectifs et plus il ou elle songe quitter son emploi, 2) les h o m m e s ont, plus que les femmes, l'intention de quitter leur emploi et 3) moins le The Canadian journal of Higher Education Volume XXK, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 163 jeune travailleur ou la jeune travailleuse estime que son emploi s'avère en lien avec sa formation et plus il ou elle manifeste l'intention de quitter son emploi. Satisfaction personnelle Les régressions multiples e f f e c t u é e s à partir des variables indépendantes nous permettent de constater que certaines d'entre elles prédisent significativement le niveau de satisfaction personnelle lié à la possibilité de réaliser des projets personnels et au bien-être psychologique de l ' i n d i v i d u . L e t a b l e a u 3 p r é s e n t e les r é s u l t a t s des r é g r e s s i o n s effectuées séparément sur les variables liées à la satisfaction personnelle. Les résultats des analyses de régression effectuées sur les différentes variables liées à la satisfaction personnelle permettent de prédire jusqu'à 31% de leur variance, reflétant un niveau de prédiction moyennement satisfaisant. Parmi les variables sociodémographiques, seule la scolarité contribue à prédire un indicateur de la satisfaction personnelle, soit la p o s s i b i l i t é de r é a l i s e r des p r o j e t s p e r s o n n e l s ( 5 , 2 % de v a r i a n c e expliquée). Ainsi, moins la scolarité est élevée et plus le jeune travailleur et la j e u n e travailleuse a le sentiment que sa situation d ' e m p l o i lui permet de réaliser des projets personnels. Ni le sexe du sujet, ni son âge n'ajoutent à la prédiction de la satisfaction personnelle. Quant aux variables liées à l ' e m p l o i , les résultats présentés au t a b l e a u 3 m o n t r e n t q u e d e u x d e s v a r i a b l e s de c e t t e c a t é g o r i e p e r m e t t e n t d ' e x p l i q u e r u n e p a r t i e d e la v a r i a n c e d e d e u x d e s indicateurs de la satisfaction personnelle (4,3 à 12,8% de variance e x p l i q u é e ) . P l u s s p é c i f i q u e m e n t , le statut de l ' e m p l o i s ' a v è r e un p r é d i c t e u r du b i e n - ê t r e et de l ' a u t o n o m i e p e r s o n n e l s , les s u j e t s occupant un emploi à temps plein estimant que leur situation d'emploi contribue positivement à leur bien-être et à leur autonomie. Concernant la variable " r e v e n u " , elle agit c o m m e p r é d i c t e u r de la possibilité perçue de réaliser des projets personnels et du sentiment de sécurité personnelle. Ainsi, plus le revenu d'emploi est élevé et plus le jeune travailleur ou la jeunes travailleuse considère que sa situation d'emploi affecte positivement la réalisation de ses projets personnels de même q u e son s e n t i m e n t de s é c u r i t é p e r s o n n e l l e . E n f i n , n o t o n s que la v a r i a b l e " l i e n de l ' e m p l o i a v e c la f o r m a t i o n " ne s ' a v è r e pas un prédicteur significatif de la satisfaction personnelle. The Canadian Journal ofHigher Education Volume XXIX, No. 1,1999 164 G. Fournier, C. Jeanrie, & L. Croteau a ^ .2 u * 3 'S v < D i - ^t h >n ^H Tt O" O" in c O „ ol=a D Ti- oo r - ; en en C N : >n Ti- en —" C O o" : co co O N i — ' 1C No : o" o" o" ; o N ON O < — 1< — I co o" o" o" I — < oo o1 " C N Tt- , — 1 Tf , — i 00 C N ^ 00 , — 1O co C D C N en ro oo o o X - in C N rN • — i, — iC o" o ' o" 00 ^ _ C N co o ' o" o" «ri > / > Tf o o C N •G a 3 C O O 1 u o. en en O N >o — H " co" o Ttro" < D >n T)- : C NC N 00 N o" j —•" C O N en co o o o : o" o" o" : tl c rH O O ^t H m rH o" o o r-H o O O (N en o" o" O «D c A Q u OlcG N O Tt- N O : o TT ; Tt-" —1" : r- o tt ^H -H O o" o" o" (U o" er o -h r - >n r- o o" U >n o o ; o" o" o" ; co Tt- TlN O ^ NC NO cn O en C N CJ 1-H * t: ^ 3 C / 3 (U "O O _ Ki C C/5 W _ >-) O -H t— (y «"S. H O O O K 1 ' ' Ph S (5 i o P O I — ( U o o o w (U T3 3 C/3 C/5 W <73 «•> hJ PQ g < on < Z S C u -o PH > O C N rt Cl O" O o " ^ r - «o O O m o" o" o" O J Ï « /< O Y\ ^ W c « H H H Q j <2 ^ h w > J a m c •a S <3 . S J * * * < < > 7i&e Canadian Journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Tto. en * * H ^t en J O O o I—I o o U < He D w H U T3 u = > D sS S W * en N O Tf -H o o" N O oo m C N o" O * * V et -g Oh g oo i—, <rico O o" * < S W « * 00 N OC O 00 N OC N C N en * * PH O * * * * ca n<D no en tT O cn en o o o" 00 < — I C N o" o" PH V> W Q Z O H eu W ^ U in W r- O N o" o" es > «I en 73 5i S -G C o ° S c/3 ca u 6 O, 3 3 X> O nî U VU C / 3 3 "S1 C N * O Tt Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 165 Finalement, tel que l'indiquent les résultats présentés au tableau 3, les variables les plus prédictives de la satisfaction personnelle sont d'ordre perceptuel. L a variable "soutien social p e r ç u " permet de prédire une partie de la variance de l ' a u t o n o m i e personnelle (6,4% de la variance expliquée). Concrètement, plus le sujet perçoit que le soutien familial facilite l'atteinte de ses objectifs et plus il considère que sa situation d'emploi actuelle favorise son sentiment d'autonomie personnelle. Les attributs personnels, quant à eux, contribuent à la prédiction du sentiment de sécurité et de réalisation personnels (environ 3,3 à 4,1 % de la variance expliquée). Ainsi, plus l'individu perçoit que ce sont ses propres attributs qui favorisent l'atteinte de ses objectifs et plus il aura t e n d a n c e à é v a l u e r p o s i t i v e m e n t ses s e n t i m e n t s d e s é c u r i t é et d e réalisation personnelles. F i n a l e m e n t , la variable « c a r a c t é r i s t i q u e s p e r ç u e s du m a r c h é du t r a v a i l " s ' a v è r e un p r é d i c t e u r s i g n i f i c a t i f de l ' e n s e m b l e d e s c i n q i n d i c a t e u r s d e la s a t i s f a c t i o n p e r s o n n e l l e (9,0 à 17,8% de v a r i a n c e expliquée). Les résultats présentés au tableau 3 indiquent que plus les sujets perçoivent que ce sont les caractéristiques du marché du travail qui favorisent l'atteinte de leurs objectifs, plus ils estiment que leur situation d'emploi actuelle influence positivement la réalisation de leurs projets de vie de même que leurs sentiments de sécurité, de bien-être, d'autonomie et de réalisation personnels. Notons que le cinquième indicateur de la variable "satisfaction personnelle", soit le degré de stress ressenti par le j e u n e travailleur ou la j e u n e travailleuse, ne s'avère significativement corrélé à aucune des variables indépendantes de l'étude. Sentiment de contrôle de la situation financière Les régressions multiples effectuées à partir des variables indépendantes nous permettent de constater que certaines d'entre elles p r é d i s e n t s i g n i f i c a t i v e m e n t le s e n t i m e n t de c o n t r ô l e de la situation financière (satisfaction générale face à la situation financière, perception de l'équilibre financier et précarité perçue). Le tableau 4 présente les résultats des régressions effectuées séparément sur ces trois indicateurs liés au sentiment de contrôle de la situation financière. Tel q u e le p r é s e n t e n t les r é s u l t a t s du t a b l e a u 4, les v a r i a b l e s indépendantes permettent de prédire j u s q u ' à 25% de la variance liée au sentiment de contrôle de la situation financière, témoignant d ' u n e capacité pronostique pouvant atteindre un niveau moyennement satisfaisant. The CanadianJournalof Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 166 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau MU -- ti- O N (N o" 1-+ o NO NO oo^ — ' 1— ' 1 Ho H ; « r - ^ <N O O O N O o o NO C O 00 Tf —' O' O 3 5 O o vu u fe Ql Q, OO ( N O CO NO ( N O o" o" o" ; O N O N o o o o" o" o" CO O o" o o ; "T. ( N •-H o " o " : NO NO <N — , ,O O O O O r- : oo (N IR> o "" o ' o " : -H O O en O o o" 3 5 n < D C co co oo o o ; o" o" c T ; u-1 O O N o o o o" o o co o" o" o" # * iS u /U < u o y = «2 g c te •Se " 'S 2 a * O NC N co o o o NO r- o co o" o" ON * lo O rt o (N * O ON 00 H tn .2 3 C 2 Œ "(7 S h O O Ç / C ) O (N a o " o1" 1o ffi PH à o o « Q O U O o oo o Ù Q u m j T3 C Q < . U -, U S g 8 . | <; co <C Z > HH 3 < D 4 • — > O 'S u Cl. o Tt- \ o o o ^t o" o" o" O •J Oh S W on o w '5 « U 1 1 & 00 S ^ W o B u D. J < C Q > "O 3 < C3 « G e 5 « g . ï 2 U <; J oo Oi > The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 CN in (N <c H O J O -H O <N o o " o < > Uh es (Z) fc> Pi 3 D •O w no H J3 O < I CL, X Ë 00 ') 3 : -a W u Q Z O H eu m u m M C U g 3 u a" a,-a a-S 3 nu i S e3 < o CN oi ai Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 167 D e façon plus précise, les résultats présentés au tableau 4 indiquent que parmi les variables sociodémographiques, seul le niveau de scolarité p a r v i e n t à prédire un des indicateurs du sentiment de contrôle de la situation f i n a n c i è r e , soit la satisfaction f a c e à la situation f i n a n c i è r e (environ 4 % de la variance expliquée). Ainsi, plus le jeune travailleur ou la j e u n e travailleuse est scolarisé-e et plus il ou elle se dit satisfait-e de sa situation financière. Pour leur part, les variables liées à l'emploi prédisent, uniquement p a r le b i a i s du r e v e n u t o u t e f o i s , les t r o i s i n d i c a t e u r s a s s o c i é s au sentiment de contrôle de la situation financière (de 8,2 à 21,7% de la variance expliquée). Concrètement, plus le revenu d ' e m p l o i du j e u n e travailleur ou de la j e u n e travailleuse est élevé, plus des derniers se sentent privilégiés de leur situation financière, plus ils estiment que leurs o b l i g a t i o n s f i n a n c i è r e s sont i n f é r i e u r e s à leurs r e v e n u s et m o i n s ils considèrent leur situation d'emploi c o m m e étant précaire. E n f i n , c o n c e r n a n t la perception des f a c t e u r s facilitants, seule la variable "caractéristiques perçues du m a r c h é du travail" contribue à prédire l'un des trois indicateurs du sentiment de contrôle de la situation financière, soit le sentiment de sécurité f a c e à la situation financière (3,1% de la variance expliquée). Ainsi, plus les sujets perçoivent que les c a r a c t é r i s t i q u e s d u m a r c h é du t r a v a i l f a v o r i s e n t l ' a t t e i n t e d e leurs objectifs et moins ils se sentent inquiets de leur situation financière. Pour conclure cette section, ajoutons quelques résultats complémentaires qui permettent de nuancer les résultats présentés aux t a b l e a u x 2, 3 et 4. C e s résultats sont tirés d ' a n a l y s e s de corrélation b i v a r i é e s et m e t t e n t en é v i d e n c e la c o n t r i b u t i o n p r é p o n d é r a n t e des v a r i a b l e s p e r c e p t u e l l e s et d e c e l l e s l i é e s à l ' e m p l o i d a n s la c o m p r é h e n s i o n d e la qualité de l ' i n s e r t i o n s o c i o p r o f e s s i o n n e l l e des d i p l ô m é s . L e s r e l a t i o n s é t a b l i e s atteignent ou d é p a s s e n t le seuil dè r = 0,30, généralement associé à une corrélation m o y e n n e (Meltzoff, 1998), pour environ 75% des corrélations significatives impliquant l'une ou l'autre de ces quatre variables. De l'angle des variables dépendantes, p a r a i l l e u r s , les r é s u l t a t s i n d i q u e n t q u e les v a r i a b l e s " s a t i s f a c t i o n professionnelle" et "satisfaction personnelle" s'avèrent mieux prédites que ne l'est la variable "sentiment de contrôle de la situation financière", en ce qu'elles se trouvent plus fortement corrélées avec les différentes variables indépendantes. En outre, parmi les variables perceptuelles, notons la contribution particulière de la variable "rôle perçu des attributs The CanadianJournalof Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 168 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau personnels". Si cette dernière ne s'est avérée un prédicteur significatif d a n s a u c u n e des r é g r e s s i o n s m u l t i p l e s , des a n a l y s e s de c o r r é l a t i o n bivariées ont permis de constater qu'elle est pourtant significativement r e l i é e à 11 d e s i n d i c a t e u r s d e la q u a l i t é d e l ' i n s e r t i o n socioprofessionnelle (r = 0,22 à r = 0,39, p < 0,05). DISCUSSION L ' o b j e c t i f p o u r s u i v i dans le présent article était de p r é s e n t e r un schéma exploratoire regroupant trois catégories de variables servant à d é f i n i r la q u a l i t é d e l ' i n s e r t i o n s o c i o p r o f e s s i o n n e l l e d e n o u v e a u x t r a v a i l l e u r s et t r a v a i l l e u s e s d i p l ô m é s et trois a u t r e s c a t é g o r i e s d e variables susceptibles de prédire la qualité de cette insertion. Ce schéma a été mis à l ' é p r e u v e auprès d ' u n échantillon constitué de n o u v e a u x travailleurs et travailleuses, diplômés depuis trois ans. Certaines données descriptives ont d ' a b o r d été présentées pour éclairer la qualité de la situation d'insertion socioprofessionnelle de ces sujets: est-ce que les n o u v e a u x travailleurs et travailleuses diplômés sont satisfaits de leur emploi? Ce dernier répond-il à leurs attentes? Leur situation d ' e m p l o i leur permet-elle d ' é l a b o r e r des projets personnels et d ' a m é l i o r e r leur qualité de vie? Trois ans après avoir terminé leurs études, se sentent-ils maintenant en contrôle de leur situation financière et en sécurité face à celle-ci ?, sont quelques-unes des questions auxquelles nous avons tenté de répondre dans cette première partie. Ensuite, les résultats des analyses de r é g r e s s i o n ont p e r m i s de m i e u x saisir les liens existant entre les différentes composantes du schéma exploratoire. En effet, ces analyses ont mis en lumière la force relative de certains critères objectifs c o m m e le sexe du sujet et le statut de l'emploi et celle de critères plus subjectifs c o m m e la perception des facteurs facilitants, dans la prédiction de la qualité de l'insertion vécue par de j e u n e s adultes trois ans après l'obtention de leur diplôme. Si l ' e n s e m b l e des résultats présentés au tableau 1 laissent entrevoir un n i v e a u d e s a t i s f a c t i o n r e l a t i v e m e n t a c c e p t a b l e t a n t au n i v e a u professionnel, personnel, que financier, il n ' e n demeure pas moins que le fait qu'il s'agisse des seuls diplômés de l'échantillon global qui soient actuellement en emploi, vient relativiser l'interprétation que l'on peut f a i r e d e ces d o n n é e s . En e f f e t , si les résultats indiquent un taux de satisfaction générale assez bon en regard de l'emploi, il n ' e n demeure pas moins qu'environ 30% des sujets, trois ans après leur entrée sur le The Canadianjournalof Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 169 m a r c h é du travail, e s t i m e n t t o u j o u r s q u ' i l s n ' o n t pas atteint leurs objectifs et que leur situation professionnelle affecte négativement la mise en oeuvre de projets de vie importants. Il est probable que ce résultat soit lié au fait que près du tiers d'entre eux expriment, qui des i n q u i é t u d e s , ou qui du d é c o u r a g e m e n t , à l ' é g a r d de leur situation f i n a n c i è r e . En fait, on constate que si ces nouveaux travailleurs et travailleuses semblent généralement assez heureux en emploi, ils se sentent t o u t e f o i s relativement pauvres et retardent certains projets personnels à moyen et à long termes. Ainsi, on peut faire l'hypothèse que le contexte économique difficile que nous connaissons actuellement affecte d'abord et avant tout la qualité de vie des jeunes et leur entrée dans la vie adulte plutôt que strictement leur bien-être en emploi ou leur rapport au marché du travail. En effet, si d ' u n côté, ils ne sont pas réellement insatisfaits ou inquiets de leur situation, d'un autre côté, ils ne fournissent pas d'indices clairs que leur emploi ou leur situation sur le marché du travail leur a réellement donné accès aux libertés et aux possibilités qui ont longtemps été associées à — sinon garanties par — l'obtention d'un emploi. Par ailleurs, les différences observées selon le niveau de scolarité des sujets font ressortir que, pour au moins une des variables de chacun des groupes liés à la satisfaction professionnelle, personnelle ou de contrôle de la situation financière, les étudiants de niveau collégial témoignent d ' u n e qualité d'insertion significativement moindre que celle de leurs collègues du secondaire et de l'université. Plus précisément, ces sujets de niveau collégial disent se sentir peu reconnus, peu valorisés dans leur emploi et y perçoivent moins de possibilités de réalisation personnelle qu'ils n'avaient anticipé. Ils expriment en outre un sentiment plus prononcé de précarité financière que les sujets du secondaire ou de l'université. En fait, il semble clair que ce ne sont pas les conditions d'emploi, ni les facteurs extrinsèques à l'emploi qui amoindrissent la satisfaction de ce groupe mais plutôt certains indicateurs liés à l'identité et à l'épanouissement personnels, lesquels ont peut-être été associés plus étroitement, par ce groupe de jeunes, à l'obtention d'un emploi. Trois hypothèses peuvent être posées en regard de ce résultat. La première concerne la possibilité que plusieurs programmes de technique collégiale forment des travailleurs trop qualifiés pour les exigences des emplois qui l e u r s o n t h a b i t u e l l e m e n t d e s t i n é s , s i t u a t i o n t r è s peu p r o p i c e à l'affirmation de l'identité personnelle et professionnelle. La deuxième The Canadian Journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 170 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau hypothèse renvoie au fait que les postes généralement obtenus par les diplômés de technique collégiale, m ê m e si en lien avec leur formation, exigent bien souvent l ' e x é c u t i o n de tâches " c o n n e x e s " , qui font peu a p p e l à l e u r e x p e r t i s e et f a v o r i s e n t t r è s p e u , d u m ê m e c o u p , le développement de nouvelles compétences et la valorisation personnelle. F i n a l e m e n t , u n e troisième h y p o t h è s e c o n c e r n e cette fois les attentes p a r t i c u l i è r e s qui p o u r r a i e n t être n o u r r i e s par p l u s i e u r s d i p l ô m é s de technique collégiale. Il est possible en effet qu'ayant décidé de dépasser le cap d é t e r m i n a n t du d i p l ô m e secondaire ( O C D E , 1996), ces j e u n e s aient développé, face à leur futur emploi, des attentes et des aspirations p e r s o n n e l l e s allant bien a u - d e l à des degrés d ' a u t o n o m i e , de r e n f o r c e m e n t et de d é v e l o p p e m e n t q u ' o f f r e n t souvent les emplois de nature technique. Cette dernière hypothèse trouve d'ailleurs un certain appui dans un récent article de Buckley, Fedor, Veres, Wiese et Carraher (1998), lequel exprime clairement que le fait d'entretenir des attentes élevées vis-à-vis du travail augmente la probabilité d'être insatisfait en emploi. Ces auteurs suggèrent m ê m e la mise en place de programmes visant à amoindrir les attentes des nouveaux travailleurs et travailleuses de façon à ajuster celles-ci à la réalité du marché du travail et à éviter de la sorte ce qu'ils appellent "the reality shock". Finalement, contrairement aux résultats de nombreuses études, très peu de différences ont été observées entre les h o m m e s et les f e m m e s pour l ' e n s e m b l e des variables proposées dans le schéma exploratoire. La seule différence observée a trait au niveau significativement plus élevé de précarité financière ressenti par les f e m m e s . Ce peu de différences peut être expliqué par le fait que l'écart dans la façon dont les h o m m e s et les f e m m e s expérimentent le travail se manifeste généralement plus tard dans la vie professionnelle, particulièrement lorsque les f e m m e s sont appelées à concilier leur vie familiale et professionnelle (Fahmy, 1995). C o n c e r n a n t la p r é d i c t i o n d e la q u a l i t é d e l ' i n s e r t i o n socioprofessionnelle, un premier regard jeté sur les résultats des tableaux 2, 3 et 4 permet de constater que toutes les variables indépendantes, sauf l ' â g e , c o n t r i b u e n t à c o m p r e n d r e les différentes facettes exprimant la q u a l i t é d e l ' i n s e r t i o n des j e u n e s t r a v a i l l e u r s et t r a v a i l l e u s e s . C e t t e p r e m i è r e c o n s t a t a t i o n v i e n t c o n f i r m e r la p e r t i n e n c e d e s r e l a t i o n s p r o p o s é e s d a n s le s c h é m a e x p l o r a t o i r e . C e r t a i n e s de ces v a r i a b l e s c o n t r i b u e n t à la prédiction de f a ç o n marginale et d ' a u t r e s , de f a ç o n n e t t e m e n t plus récurrente. Par contre, des corrélations bivariées The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 171 établissent des liens plus évidents et plus stables entre les différentes variables du schéma. De plus, aucun des trois groupes de variables dépendantes ne peut être mis de côté sans que la compréhension de la qualité globale de l'insertion perde une facette importante et unique. En effet, tel que proposé dans le schéma exploratoire, une insertion de qualité d é p a s s e largement la satisfaction p r o f e s s i o n n e l l e de m ê m e q u ' e l l e ne peut se limiter à la satisfaction personnelle retirée de la situation d'emploi ou au sentiment de contrôle de la situation financière qui en découle. Plus concrètement, selon le schéma exploratoire proposé, le seul fait qu'il manifeste une satisfaction moyenne ou positive en regard de son emploi ne permet pas de conclure qu'un jeune travailleur ou une jeune travailleuse éprouve une insertion socioprofessionnelle globale de qualité. De la même manière, le fait de se sentir en sécurité financièrement, critère souvent utilisé pour traduire l'insertion c o m p l é t é e , ne peut d a v a n t a g e traduire a d é q u a t e m e n t l ' e x p é r i e n c e globale d'insertion du jeune travailleur ou de la jeune travailleuse. De manière plus spécifique, trois constatations se dégagent des analyses de régression, soit le peu de valeur pronostique des variables sociodémographiques sur la qualité de l'insertion; la prépondérance marquée de la variable "caractéristiques perçues du marché du travail" p o u r p r é d i r e la q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n et, f i n a l e m e n t , l ' i m p o r t a n c e prédictive du lien de l'emploi avec la formation. Valeur pronostique des variables sociodémographiques Tout d'abord, et contrairement à ce qui est généralement observé d a n s les d i f f é r e n t e s é t u d e s , la q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n des j e u n e s travailleurs et travailleuses n ' a pu être prédite de façon stable par le sexe, l ' â g e et le niveau de scolarité des sujets. C e p e n d a n t , il f a u t mentionner que les études recensées ont généralement pour but de vérifier la valeur de ces variables dans la prédiction de l'obtention d'un emploi après les études, de la qualité de l ' e m p l o i obtenu ou de la satisfaction face à celui-ci (Bengle, 1991; Tanguay, 1986; Touzard et al., 1996; Trottier et al., 1995). Ainsi, il est possible de croire que l ' i m p a c t des v a r i a b l e s s o c i o d é m o g r a p h i q u e s se fait ressentir plus intensément immédiatement à la sortie du système éducatif et que l'effet de cohorte tend à s ' e s t o m p e r quelques années après l'obtention du diplôme pour laisser davantage de place à l'influence des variables d'ordre perceptuel. Ainsi, plus on raffine la définition de la qualité de The Canadian Journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 172 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau l'insertion et q u ' o n l'étudié sous des angles plus subjectifs, plus on constate que certaines différences liées à la personne elle-même et à sa situation d'emploi s'avèrent davantage déterminantes, au fil des années, de la qualité globale de l'insertion socioprofessionnelle des sujets que ne peut l'être l'appartenance à l'une ou l'autre des cohortes. En somme, il appert que plus on s'éloigne de l'étape de la diplômation et moins le cheminement professionnel ne s'avère déterminé par des caractéristiques fixes, sur lesquelles l'individu a peu ou pas de contrôle. Prépondérance marquée de la variable "caractéristiques perçues du marché du travail" pour prédire la qualité de l'insertion Parmi toutes les variables proposées dans le schéma, la perception de caractéristiques facilitantes du marché du travail dans l'atteinte des objectifs s'est révélée être le plus puissant prédicteur de la qualité de l ' i n s e r t i o n s o c i o p r o f e s s i o n n e l l e des j e u n e s . Tel q u ' é v o q u é dans la présentation du schéma exploratoire, ce résultat indique, d'une part, que ce ne sont pas uniquement les variables structurelles de l'emploi qui d é t e r m i n e n t si le s u j e t se s e n t s a t i s f a i t de sa s i t u a t i o n g é n é r a l e d'insertion mais aussi sa manière subjective d'être en relation avec le m a r c h é du travail. D ' a u t r e part, ils s i g n i f i e n t aussi que parmi les variables perceptuelles, celles qui sont liées au support social ou aux c a r a c t é r i s t i q u e s p e r s o n n e l l e s ont m o i n s de p o i d s relatif d a n s la prédiction que celles qui sont liées au marché du travail. En fait, nos r é s u l t a t s i n d i q u e n t que la q u a l i t é de l ' i n s e r t i o n est p a s s a b l e m e n t tributaire des caractéristiques perçues du marché du travail, mettant dès lors en évidence les limites d'une conception de la réussite de l'insertion strictement liée à l'obtention d'un emploi à temps plein et d'un revenu élevé. On peut penser que la manière de vivre les premières expériences en emploi dépend largement de l'impression q u ' a le sujet de pouvoir tirer profit de certaines caractéristiques du marché du travail, lesquelles, d a n s un c o n t e x t e é c o n o m i q u e n ' o f f r a n t guère de soutien, p e u v e n t s o u v e n t être p e r ç u e s c o m m e des o b s t a c l e s plutôt que c o m m e des facteurs facilitants. Plus concrètement, un individu dont le revenu serait plutôt faible mais qui aurait néanmoins l'impression que le marché du travail est porteur d'opportunités et de conditions facilitantes pourrait a f f i c h e r un n i v e a u de s a t i s f a c t i o n p r o f e s s i o n n e l l e et p e r s o n n e l l e supérieur à celui d'un autre dont le revenu serait plus élevé mais qui The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 Qualité de l'insertion socioprofessionnelle 173 croirait plutôt que le marché du travail est jonché d'obstacles à l'atteinte de ses objectifs. Pour ce qui est de la prépondérance de la variable "caractéristiques p e r ç u e s du m a r c h é du t r a v a i l " sur les d e u x a u t r e s v a r i a b l e s perceptuelles, une nuance s'impose. En effet, comme l'ont indiqué les résultats des analyses bivariées, la variable "rôle perçu des attributs personnels" se trouve reliée de façon significative et importante à la majorité des variables liées à la qualité de l'insertion des individus (11 sur 14). Ces résultats viennent relativiser la place des caractéristiques du marché à titre de prédicteur et suggèrent que, dans un contexte où les o p p o r t u n i t é s du m a r c h é du t r a v a i l s e r a i e n t p l u s f r é q u e n t e s ou avantageuses, le rôle des attributs personnels dans l'atteinte des objectifs pourrait s'avérer plus déterminant qu'il ne l'est ici (tant en terme relatif qu'absolu) dans la prédiction de la qualité de l'insertion. De la même f a ç o n , mais de m a n i è r e plus restreinte t o u t e f o i s , les résultats des analyses bivariées ont également permis d'observer un lien significatif entre le rôle du support social perçu et certaines variables liées à la qualité de l'insertion (4 sur 14). Encore une fois, on peut croire que dans un contexte d ' e m p l o i plus facilitant, le rôle de cette variable dans la manière positive ou négative de vivre les premières années sur le marché du travail pourrait apparaître avec plus d'évidence. Importance prédictive du lien de l'emploi avec la formation sur la qualité de l'insertion Parmi les variables liées à l'emploi, la variable la plus subjective, celle du lien de l'emploi avec la formation, s'est avérée plus prédictive de la qualité de l'insertion que le revenu du sujet et même du statut de son emploi. Ce résultat suggère que la possibilité qu'ont les jeunes d'agir en fonction de leurs projets et des objectifs q u ' i l s se sont fixés en s'inscrivant à tel ou tel p r o g r a m m e d ' é t u d e s est déterminante de la satisfaction professionnelle et personnelle expérimentée au cours de leurs premières années sur le marché du travail. Encore une fois, ce résultat renvoie à l'importance de considérer les intérêts du sujet, ses p r o j e t s , et s e s c h o i x d a n s la c o m p r é h e n s i o n d e l ' i n s e r t i o n socioprofessionnelle, tout autant que les variables plus structurelles c o m m e le r e v e n u d e l ' e m p l o i ou son s t a t u t . On p e u t ainsi f a i r e l'hypothèse que travailler dans un secteur qu'ils ont choisi, est, pour les jeunes, davantage garant de leur satisfaction qu'un revenu élevé ou un The Canadian Journal ofHigher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 174 G. Fournie r, C. Jeanrie, & L. Croteau poste à temps plein, suggérant dès lors que la réalisation personnelle au travail d e m e u r e , malgré le contexte difficile, fort importante pour les nouveaux travailleurs et travailleuses. Pour conclure, le schéma exploratoire présenté ici regroupe et élargit plusieurs des cadres généralement utilisés pour traiter de la question de l'insertion et, de ce fait, ajoute aux éléments qui doivent être considérés p o u r c o m p r e n d r e la q u a l i t é d u c h e m i n e m e n t p r o f e s s i o n n e l et l'aboutissement du processus d'insertion socioprofessionnelle. De fait, le s c h é m a p r o p o s é est n o v a t e u r à au m o i n s d e u x é g a r d s . D ' a b o r d , il p r o p o s e de r e c o u r i r , en p l u s des v a r i a b l e s h a b i t u e l l e s ( s o c i o démographiques et liées à l'emploi), à des variables perceptuelles pour p r é d i r e la q u a l i t é d e l ' i n s e r t i o n s o c i o p r o f e s s i o n n e l l e d e d i p l ô m é s . Ensuite, il vient raffiner la conception de la qualité de l'insertion en en p r o p o s a n t u n e p e r s p e c t i v e à f a c e t t e s m u l t i p l e s et en c h e r c h a n t à identifier les processus qui lui sont sous-jacents. En effet, bien souvent les t e n t a t i v e s p o u r i n v e s t i g u e r la q u a l i t é d e l ' i n s e r t i o n s ' a t t a r d e n t d a v a n t a g e à un ou d e u x d e s trois g r o u p e s d e v a r i a b l e s du s c h é m a e x p l o r a t o i r e et n e t i e n n e n t p a s t o u j o u r s s u f f i s a m m e n t c o m p t e d e s n o m b r e u s e s interactions existant entre les sphères professionnelles et personnelles, interactions particulièrement importantes chez les j e u n e s a d u l t e s d o n t l ' a v e n i r e s t en c o n s t r u c t i o n . D ' a u t r e s é t u d e s s o n t nécessaires pour valider ce schéma exploratoire, pour étudier plus en détails la n a t u r e et l ' a m p l e u r des interrelations entre les d i f f é r e n t e s v a r i a b l e s de m ê m e q u e p o u r en vérifier les applications possibles à d'autres étapes de la carrière. 1 ^ Références Bengle, N . M . (1991). L'insertion processus socio-psychologiques professionnelle des jeunes: une étude des dans le secteur des services, [Thèse]. Ste- Foy, PQ: Université Laval. B r u h n , J.G. (1989). J o b stress: A n opportunity for professional growth. Career Development Quarterly, 37(4), 306-315. Buckley, R.M., Fedor, D.B., Veres, J.G.,Wiese, D.S., & Carraher, S.M. (1998). Investigating newcomer expectations 452-461. The Canadian journal of Higher Education Volume XXIX, No. 1, 1999 and job-related outcomes, 83(3), Qualité de l'insertion socioprofessionnelle Cairns, K., W o o d w a r d , J.B., & H a s h i z u m e , L.G. 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Authors
- Geneviève Fournier
Author
- Chantale Jeanrie
Author
- Line Croteau
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