Reviews—Recensions R. Joubert, Edouard Montpetit, 1881-1954. Montréal: Editions Elysée, 1975. 450 pp. R. Parisé, G. -H. Lévesque, père de la renaissance québécoise. 172 pp. Montréal: Alain Stanké, 1976. A un moment où leurs noms tendent à être oubliés principalement par les jeunes, Edouard Montpetit et Georges-Henri Lévesque, o.p., qui ont comme caractéristiques communes d'avoir mis sur pied au Québec des Ecoles des Sciences sociales, sont l'objet d'études biobibliographiques. Ecrits non pas par des spécialistes en histoire ou en sociologie des intellectuels, mais par d'anciens élèves et admirateurs de chacun des fondateurs, ces ouvrages n'ont de prétention ni scientifique ni littéraire: l'intention des auteurs est de rendre hommage et plus précisément de célébrer des intellectuels qui les ont profondément influencés. Chez Joubert, qui fut un des premiers élèves de Montpetit à l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Montréal, cette première préoccupation se double d'une seconde tout aussi importante: celle de rendre compte de sa passion, qui est de rechercher et de conserver avec soin et goût les livres anciens et rares. Dans une certaine mesure, l'histoire même de cet ouvrage (rapport entre l'auteur et le fondateur, rapport entre l'auteur et les autres admirateurs du fondateur, etc.) est tout aussi intéressante que l'histoire qu'on y raconte: celui-ci est en effet le fruit de quinze ans de travail, pendant lesqueles furent rencontrées diverses difficultés (relations avec les anciens collaborateurs ou des membres même de la famille de Montpetit, problèmes de financement de l'impression, etc.). Mais parce que cet ouvrage est profondément marqué par le rapport que son auteur entretient avec le fondateur-maître et plus généralement avec la culture (par exemple, goût ou manie de la collection) et aussi qu'il ne tient guère compte du contexte intellectuel, politique et économique, il demeure, sur le plan à la fois de l'organisation des données et de l'analyse, relativement faible: son seul mérite est de réunir une très grande quantité d'informations (postes, relations, voyages, opinions, etc.) au sujet d'un des intellectuels et idéologues dominants des années 1920-1950. En comparaison, le petit livre que Robert Parisé consacre au Père Lévesque a au moins la qualité d'être orienté vers la démonstration d'une hypothèse centrale, à savoir que le Père Lévesque est le "Père de la renaissance québécoise". Cependant, même si l'auteur parvient à dégager les grands axes de l'action et de la pensée sociale et politique du religieux "contestataire", son étude apparaît moins comme le résultat d'une recherche systématique que comme le rapport d'une longue entrevue. Mais, au delà de leurs faiblesses et de leurs qualités, ces deux ouvrages consacrés aux fondateurs des Ecoles des Sciences Sociales de l'Université de Montréal (1920) et de l'Université Laval (1938), fournissent l'occasion (et certaines données) de s'interroger non seulement sur la signification mais aussi sur les conditions (sociales, culturelles, etc.) du développement des sciences sociales au Québec. Marcel Fournier Département de Sociologie Université de Montréal